Ajoutons que l’historique de l’Artésien et de son modèle est plein d’intérêt, en effet le duc de Choiseul nommé ministre de la Marine en octobre 1761 a entrepris dès sa nomination de reconstituer notre marine après les épreuves humiliantes de la guerre de 7 ans. Pour financer une partie des constructions il avait imaginé de proposer aux États du Languedoc d’offrir un vaisseau au Roi. Le succès de cette démarche fut tel que cet exemple fut suivi et ce ne fut pas un, mais 15 vaisseaux de ligne qui furent offerts au Roi. Les noms de ces bâtiments évoquent l’origine de la donation ainsi les dons des États d’Artois ont permis la construction à Brest du vaisseau l’Artésien.
L’ingénieur constructeur Joseph Olivier fils du grand constructeur Blaise Olivier établit les plans de l’Artésien qui servirent par la suite à la construction d’autres vaisseaux de 64.canons ‘ L’Artésien mis en chantier en juin 1762, sera lancé que le 7 mars 1765 ; il sera refondu à Rochefort en 1777, radoubé en 1781 et il finira sa carrière comme ponton en 1785
L’Artésien a eu une carrière très honorable ayant participé aux combats de la guerre d’indépendance américaine sur les trois théâtres d’opérations en Europe, aux Antilles et enfin sous les ordres du bailli de Suffren au combat victorieux de la Praia, à la défense de la colonie hollandaise du cap de Bonne-Espérance et enfin à toute la campagne des Indes de 1782 à 1784.

Le modèle de l’Artésien conservé au musée de la Marine Paris provient des collections dites de Trianon fond de base de l’actuel musée. Ce modèle est considéré par Jean Boudriot comme l’une des pièces majeures des collections. Il a été exécuté à Brest à l’initiative du Chevalier d’Oisy qui était chargé de l’inspection des travaux de construction du vaisseau. Une fois terminé le modèle a été transporté à Versailles accompagné du sieur Sébastien Cupin qui avait participé à la construction du modèle et qui devra l’entretenir et le préparer pour les leçons qui seront données au futur Louis XVI et à ses frères par Nicolas Ozane. L’authenticité de la maquette et sa conformité avec le vaisseau lui-même sont donc indiscutables.